Que se passe-t-il ?

Le terme dysplasie signifie « trouble du développement » !

La dysplasie coxo-fémorale est une maladie génétique héréditaire.

Surtout connue dans les grandes races (+ de 20 kg adulte), elle touche aussi de plus petites races comme les bulldog ou les teckels. Elle affecte tant des chiens de race que des chiens croisés.

C’est une maladie complexe et à ce jour, il n’existe pas de test génétique de dépistage. La seule façon d’essayer de l’éviter est de sélectionner comme reproducteurs les chiens qui ont les meilleures hanches à l’âge adulte par examen radiologique. Il faut cependant savoir que des parents parfaits radiologiquement risquent quand même de transmettre l’affection à +/- 20 % de leur descendance.

La maladie est donc transmise au chiot par ses parents.

Le chiot naît avec des hanches normales. S’il est porteur de gènes de la maladie, il va développer des anomalies parfois très précoces de l’articulation. Leur gravité est très variable et spécifique à chaque chien.

La maladie commence par une laxité anormale de l’articulation de la hanche. Elle peut être unilatérale ou bilatérale. Cette laxité fait que la tête du fémur tend à sortir de la cavité du bassin qui doit la contenir.

Un test très simple appelé manoeuvre d’Ortholani peut être pratiqué dès l’âge de deux mois sur les chiots. Il permet déjà de mettre en évidence la laxité articulaire et donc d’être attentif à l’évolution des hanches du chiot.

Si la hanche est laxe, la tête du fémur va “jouer” dans la cavité acétabulaire (cavité du bassin). Ces mouvements anormaux dans l’articulation vont provoquer des déformations de celle-ci dès les premières semaines de la vie, d’autant qu’à cet âge, les os sont très “malléables”. Les déformations qui se mettent en place sont irréversibles et vont provoquer une inflammation et une arthrose +/- sévères responsables de douleurs et de handicap par la suite.

Il est important de savoir que le dépistage précoce de la dysplasie coxo-fémorale est possible (dès deux mois), car il existe deux chirurgies qui peuvent prévenir le développement de l’arthrose :

  • La symphysiodèse pubienne juvénile (SPJ)

  • La double ostéotomie pelvienne (DOB ou DPO)

Ces chirurgies ont deux particularités :

  • Elles doivent être effectuées très tôt dans la vie du chien, entre le 4° et le 5° mois pour la SPJ et entre le 6° et le 8° mois pour la DPO.

  • Elles ne sont pas efficaces sur tous les chiens et nécessitent un examen radiologique préalable qui mesure la laxité articulaire de la hanche : radiographie en distraction.

Il est donc recommandé de faire un dépistage à l’âge de 4 mois maximum !

Plus le chiot avance en âge et plus les dégradations articulaires se développent.

Les signes de douleur par contre seront très variables en fonction de la gravité individuelle des malformations.

Entre l’âge de 9 et 15 mois, aucune solution chirurgicale ne peut être proposée pour les animaux dysplasiques.

Nos recommandations durant cette période sont les suivantes :

  • Une alimentation équilibrée et de bonne qualité.

  • Une bonne hygiène de vie : un chiot dysplasique a le droit de marcher, jouer, courir. Une activité physique raisonnable mais entretenue lui est indispensable à la fois pour son équilibre psychique et pour l’entretien et le développement de ses masses musculaires qui jouent un rôle important dans la stabilisation de ses hanches. Dans ce cadre, la nage (hydrothérapie) est un excellent exercice.

  • Un traitement médicamenteux et/ou de complémentation alimentaire à visée d’entretien articulaire pourront être prescrits en fonction de chaque cas particulier, voire déjà un plan de physiothérapie adapté.

A l’âge adulte (après 15 mois) …

Tout au long de sa vie, un chien dysplasique verra ses hanches se dégrader progressivement. L’arthrose consécutive ne fera que s’aggraver.

Il est cependant très difficile de prévoir quel degré de handicap la maladie lui infligera. Certains vivront longtemps une vie presque normale, d’autre souffriront de façon récurrente.

Pour les chiens adultes en souffrance et qui ne répondent pas ou peu aux traitements médicamenteux, deux solutions chirurgicales peuvent être proposées :

  • L’excision tête et col fémoraux (ablation de tête fémorale)

  • La prothèse de hanche

Une dernière alternative non chirurgicale de traitement pour certains cas bien choisis sera l’injection intra-articulaire de cellules souches.

LES CHIRURGIES DE LA HANCHE

Le préventif

Les deux techniques que nous vous décrivons ici ont pour but d’empêcher l’apparition de l’arthrose coxo-fémorale ou en tout cas d’en réduire l’évolution au maximum.

C’est la raison pour laquelle ces techniques doivent être effectuées très tôt dans la vie du chien. Il s’agit d’une course contre la montre : si des signes d’inflammation articulaire et/ou d’arthrose sont déjà présents, les résultats de ces opérations seront décevants.

D’autre part, elles ne seront pas efficaces sur des dysplasies sévères, tous les chiots ne sont pas de bons candidats à ces opérations.

 

La SPJ : symphysiodèse pubienne juvénile

Cette opération se pratique à l’âge de 4 mois (maximum 5 mois pour les races géantes).

Son principe est de provoquer une ossification prématurée du cartilage de croissance ventral du bassin (le pubis) alors que le reste du bassin va continuer à se développer. Pour cela, des points de cauthérisation sont réalisés au bistouri électrique dans le cartilage (points noirs ci-dessous)

Au cours des trois mois qui suivent. Le bassin va alors “tourner” naturellement autour des têtes des fémurs et stabiliser les articulations.

Il faut avant l’intervention réaliser une radiographie en « distraction » des hanches sous une anesthésie courte afin de déterminer le degré de laxité des hanches du chiot. Seuls les chiots ayant un indice de laxité faible à moyen seront de bons candidats. Au-delà d’une laxité de 70 %, le résultat sera soit décevant soit nul.

Il s’agit d’une intervention de courte durée, peu douloureuse pour le chiot et qui ne nécessite pas de restriction importante post opératoire.

 

La DOB : double ostéotomie du bassin

Idéalement elle se pratique à 6 ou 7 mois, avant que des lésions de l’articulation ne soient visibles et sur un chiot dont la dysplasie est modérée.

A l’âge de 6 mois, elle peut même être réalisée sur les deux hanches au court de la même intervention car l’os du chiot est encore « malléable ».

Le but est toujours d’améliorer le maintient de la tête fémorale dans la cavité du bassin. Mais ici, la correction se fait en une fois.

En sciant à deux endroits le bassin autour de la cavité acétabulaire (lignes rouges), on peut faire pivoter la cavité autour de la tête du fémur grâce à une plaque particulière qui est pré-angulée.

Le post opératoire est nettement plus sérieux que pour la SPJ : une activité réduite du chiot est à prévoir pendant 6 semaines.

Le curatif : chirurgies de sauvetage

Leur objectif est de soulager le chien de façon définitive de ses douleurs articulaires.

 

L’excision tête-col du fémur

Dans une hanche déformée, la douleur est due aux contacts anormaux qui se produisent en permanence et qui détruisent le cartilage.

Enlever la tête du fémur élimine ces contacts et donc la douleur associée.

D’autres types de douleur peuvent cependant apparaître suite à cette intervention. Il s’agit de douleurs de tendinites des muscles fessiers. En effet, ce sont ces muscles qui prennent le relais de l’ancienne articulation et sont donc beaucoup plus sollicités qu’auparavant.

En post opératoire, une physiothérapie soutenue permettra une récupération plus rapide. Elle a pour objectif de développer la musculature de fessiers qui prennent en charge le fonctionnement de l’ancienne hanche. La nage (hydrothérapie) est l’exercice idéal pour y parvenir.

 

 

La prothèse totale de hanche (PTH)

Le remplacement d’une hanche arthrosique par une hanche artificielle est certainement la solution idéale puisqu’elle va maintenir la stabilité et permettre sans douleur tous les mouvements d’une hanche naturelle.

Il faut cependant savoir que cette intervention peut avoir des complications à court, moyen ou long terme. Nous en parlerons plus loin.

La PTH ne se pratique que sur les chiens adultes dont les os sont arrivés à maturité.

Tous les éléments de l’articulation vont être remplacés par des implants artificiels :

  • La cavité du bassin reçoit une cupule

  • La tête et le col du fémur sont enlevés pour placer une tige et une tête.

Parmi les difficultés de la technique, il faut retenir le fait que les hanches des chiens que nous opérons sont dysplasiques, ce qui signifie qu’elles sont déformées….

Nous devons donc recréer une cavité du bassin qui va correspondre au mieux à la cupule de la prothèse et nous adapter à l’anatomie particulière de chaque animal pour le choix de la tige fémorale.

Nous disposons heureusement d’implants de différentes formes et dont la fixation dans l’os se fait soit par intégration naturelle (prothèse non cimentée), soit par une « colle » dite ciment (prothèse cimentée). La préférence va en général à des prothèses « non cimentées ».

Le chien opéré aura une convalescence de deux mois minimum au cours de laquelle son activité sera contrôlée strictement. C’est une période extrêmement importante pour la réussite de l’intervention.

L’objectif de la pose d’une PTH est de donner au chien une hanche parfaite et définitivement stable.

Aucun chirurgien aujourd’hui ne peut cependant se prémunir de complications sur cette intervention. Les problèmes les plus fréquents sont les décèlements d’éléments de la prothèse qui peuvent apparaître à moyen comme à long terme.

La complication la plus redoutée est l’infection car elle nécessitera d’enlever la prothèse.

En conclusion

La décision de réaliser l’une ou l’autre de ces chirurgies et le choix du bon moment sont particuliers à chaque animal. Il est indispensable pour les propriétaires d’avoir reçu toutes les informations qui leur permettront de prendre une décision en tout état de cause. Nous sommes bien sûr à leur disposition pour cela.